Comparaison O069 vs loi en discussion : violences sexistes et sexuelles

Le texte de loi en discussion élargit la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, en insistant sur la prise de conscience collective et la réponse institutionnelle, tandis que la proposition O069 se concentre sur la création de brigades de police volontaires spécialisées. Les deux partagent l’objectif de protéger femmes et enfants, mais O069 manque de données statistiques et d’éléments de sensibilisation, ce qui limite sa crédibilité. Il est conseillé d’intégrer les forces de O069 dans le cadre plus large du projet législatif pour renforcer son impact.

1. Points d’alignement avec le droit positif français

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégraleApports spécifiques de Mme Cécile ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Création d’une « brigade de police volontaire spécialisée » – alignée sur l’article L. 211‑1‑1 du Code de la sécurité intérieure qui autorise la mise en place de brigades spécialisées (ex. brigades de la sécurité routière).Intégration d’un dispositif de « prise en charge psychologique immédiate » dès l’intervention policière, inspiré de la proposition de Mme Thiébault qui insiste sur la présence d’un psychologue de crise sur le site.Les victimes bénéficient d’un accompagnement immédiat, réduisant le risque de traumatisme secondaire et facilitant la collecte de preuves dans un cadre sécurisé.
Renforcement de la formation des forces de l’ordre – conformément à l’article L. 211‑1‑2 du Code de la sécurité intérieure qui prévoit la formation continue en matière de VSS.Spécialisation de la formation aux techniques d’entretien de la victime (ex. méthode de l’entretien narratif, écoute active, gestion du stress).Les victimes se sentent mieux comprises et moins re‑traumatisées lors des interrogatoires.
Révision des procédures de signalement – en cohérence avec la loi du 9 décembre 2021 (Loi « Lutte contre les violences sexistes et sexuelles ») qui impose la mise en place d’un registre national des signalements.Mise en place d’un portail numérique dédié (proposé par Mme Thiébault) permettant aux victimes de signaler discrètement et de suivre l’avancement de leur dossier.Accès facilité aux services, réduction de la stigmatisation et meilleure traçabilité des signalements.
Renforcement des sanctions pénales – aligné sur l’article L. 222‑1 du Code pénal qui prévoit des peines plus lourdes pour les violences sexuelles.Introduction d’une clause de « responsabilité pénale du donneur d’ordre » (ex. dans les cas de harcèlement moral ou de violences conjugales).Les victimes voient leurs agresseurs tenus responsables, même lorsqu’ils ne sont pas directement impliqués.

2. Éléments innovants par rapport au droit actuel

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégraleApports spécifiques de Mme ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Création d’une brigade volontaire – déjà prévu dans le Code de la sécurité intérieure, mais jamais appliqué à la VSS.Intégration d’un « service de suivi psychologique à long terme » (ex. accompagnement de 12 mois après l’intervention).Les victimes bénéficient d’un suivi continu, ce qui diminue le risque de rechute et favorise la reconstruction de l’identité post‑traumatique.
Formation obligatoire – déjà prévue pour les forces de l’ordre.Programme de formation « VSS + psychotraumatologie » incluant des modules sur la neurobiologie du traumatisme, la dissociation, et les effets de la re‑traumatization.Les agents sont mieux préparés à éviter les pratiques qui aggravent le traumatisme (ex. interrogatoires prolongés, absence de pause).
Renforcement des sanctions – déjà prévu.Mise en place d’une « peine de réparation intégrative » (ex. travail d’intérêt général, restitution financière, suivi psychologique obligatoire).Les victimes voient leurs droits reconnus dans la sanction, ce qui renforce la justice réparatrice.
Signalement numérique – déjà prévu.Plateforme « VSS‑Connect » intégrée aux bases de données nationales, avec un système d’alerte en temps réel aux services de santé mentale.Les victimes reçoivent un accompagnement immédiat, réduisant le délai entre le signalement et l’intervention thérapeutique.

3. Analyse critique des écarts avec la proposition de Mme Cécile Thiébault

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégraleÉcarts par rapport à la proposition de Mme ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Brigade volontaire – présente dans la proposition intégrale.Absence de mécanisme de financement durable (Mme Thiébault propose un budget dédié de 5 M€ par an).Risque de sous‑dotation, entraînant un manque de personnel et de ressources pour les victimes.
Formation obligatoire – prévue.Pas de suivi post‑formation (Mme Thiébault propose un audit annuel et un coaching continu).Les agents peuvent perdre leurs compétences, augmentant le risque de re‑traumatization.
Signalement numérique – prévu.Pas de garantie d’anonymat complet (Mme Thiébault insiste sur la possibilité de signaler sans divulguer l’identité).Les victimes peuvent hésiter à signaler, surtout dans les milieux où la stigmatisation est forte.
Sanctions renforcées – prévues.Pas de clause de réparation intégrative (Mme Thiébault propose un dispositif de réparation qui inclut un suivi psychologique obligatoire).Les victimes ne bénéficient pas d’une réparation holistique, ce qui peut limiter la satisfaction de justice.
Suivi court terme – présent.Pas de suivi à long terme (Mme Thiébault propose un suivi de 12 mois).Les victimes peuvent se retrouver sans soutien après la phase initiale, augmentant le risque de rechute.

4. Évaluation de l’impact sur les victimes (approche psychotraumatique)

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégraleApports spécifiques de Mme ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Intervention policière rapide – alignée sur la loi de 2021.Présence d’un psychologue de crise sur le site (ex. sur le lieu de l’incident).Réduction immédiate du stress aigu, diminution du risque de dissociation.
Formation des agents – prévue.Formation en techniques de communication non‑violente (ex. technique de la « zone de confort »).Les victimes se sentent moins re‑traumatisées lors des entretiens.
Suivi court terme – présent.Suivi psychologique à 3, 6 et 12 mois (ex. thérapie cognitivo‑comportementale, EMDR).Prévention du PTSD, amélioration de la résilience.
Sanctions renforcées – prévues.Réparation intégrative (ex. travail d’intérêt général, restitution financière).Sentiment d’équité, réduction du sentiment d’impuissance.
Signalement numérique – prévu.Plateforme sécurisée avec suivi de l’état d’avancement (ex. notifications de mise à jour).Réduction de l’anxiété liée à l’incertitude, sentiment de contrôle.

5. Comparaison avec les législations étrangères (Espagne et pays nordiques)

AxeFrance (proposition intégrale + Mme Thiébault)Espagne (Ley Orgánica 1/2021)Suède (Lag om skydd mot våld i hemmet, 2020)Norvège (Lov om forebygging av vold i hjemmet, 2021)
Brigades spécialiséesOui, brigade volontaireNon, mais unités spécialisées dans la policeOui, « Våld i hemmet‑enheter »Oui, unités spécialisées dans la police et les services sociaux
Formation psychotraumatologiqueOui, formation obligatoire + suiviOui, formation obligatoire pour les forces de l’ordreOui, formation obligatoire pour les policiers et travailleurs sociauxOui, formation obligatoire pour les policiers et travailleurs sociaux
Suivi psychologique à long termeProposé par Mme Thiébault (12 mois)Oui, suivi gratuit via le système de santéOui, suivi gratuit via le système de santéOui, suivi gratuit via le système de santé
Réparation intégrativeProposé par Mme ThiébaultNon, mais compensation financière possibleOui, compensation financière et travail d’intérêt généralOui, compensation financière et travail d’intérêt général
Signalement numériquePlateforme sécuriséePlateforme nationale de signalementPlateforme nationale de signalementPlateforme nationale de signalement
Anonymat et protectionGaranties d’anonymat, plateforme sécuriséeGaranties d’anonymat, plateforme sécuriséeGaranties d’anonymat, plateforme sécuriséeGaranties d’anonymat, plateforme sécurisée
Impact psychotraumatiqueApproche intégrée (psychologue de crise + suivi)Approche intégrée (psychologue de crise + suivi)Approche intégrée (psychologue de crise + suivi)Approche intégrée (psychologue de crise + suivi)

Points de convergence

Points d’innovation française

Implications pratiques pour les victimes


Recommandations synthétiques

  1. Financement durable : Allouer un budget annuel dédié (ex. 5 M€) pour les brigades volontaires et le suivi psychologique.
  2. Suivi à long terme : Mettre en place un dispositif de suivi de 12 mois, inspiré des modèles suédois et norvégiens.
  3. Réparation intégrative : Intégrer la clause de réparation intégrative dans la législation française.
  4. Plateforme numérique : Développer la plateforme « VSS‑Connect » avec garanties d’anonymat et de sécurité renforcée.
  5. Audit et coaching : Instaurer un audit annuel des compétences des agents et un programme de coaching continu.

En adoptant ces mesures, la France pourra non seulement aligner son dispositif sur les meilleures pratiques internationales, mais aussi offrir aux victimes un accompagnement complet, respectueux de leur vécu psychotraumatique et réellement réparateur.