Comparaison O001 vs loi en discussion : approche féministe vs stéréotypes sexistes

Analyse détaillée des convergences et divergences entre la proposition n°O01 de la Coalition FLI et le texte de loi actuel, mettant en lumière l'approche féministe explicite de O01 contre la focalisation sur les stéréotypes sexistes dans le projet législatif.

1. Points d’alignement avec le droit positif français

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O01)Apports spécifiques de Mme Cécile ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Objectif commun de lutte contre les violences sexistes et sexuelles – Le texte intégral et la proposition de Mme Thiébault reconnaissent que les violences sexuelles sont un problème de société et doivent être combattues par des mesures législatives.Prise explicite de la dominance masculine – Mme Thiébault introduit la notion de « dominance masculine » comme cause première des violences sexuelles, ce qui n’est pas explicitement mentionné dans le texte intégral.Renforcement de la crédibilité juridique – La reconnaissance d’une cause structurelle (dominance masculine) permet aux victimes de se sentir mieux représentées dans le cadre juridique, ce qui peut faciliter la prise de parole et la confiance dans le système judiciaire.
Référence aux stéréotypes sexistes – Le texte intégral évoque les stéréotypes sexistes comme facteur contributif, ce qui est également présent dans la proposition de Mme Thiébault, mais de façon plus nuancée.Approche intersectionnelle – Mme Thiébault intègre les dimensions de genre, de race, de handicap, etc., afin de couvrir les multiples formes d’oppression qui peuvent se combiner avec la violence sexuelle.Accessibilité des procédures – En reconnaissant les multiples axes d’oppression, les victimes peuvent bénéficier de procédures adaptées à leur situation spécifique (ex. accompagnement spécialisé pour les personnes trans, les personnes handicapées, etc.).
Création d’une commission indépendante – Le texte intégral propose la création d’une CIIVISE (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants).Pas de commission spécifique – Mme Thiébault ne propose pas de commission indépendante, mais insiste sur l’intégration des notions de dominance masculine dans les codes pénal et civil.Suivi et expertise – La commission permettrait un suivi régulier des dossiers, une expertise indépendante et un reporting qui peut rassurer les victimes sur la prise en compte de leurs besoins.

Analyse juridique


2. Éléments innovants par rapport au droit actuel

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O01)Apports spécifiques de Mme Cécile ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Intégration de la notion de dominance masculine – L’intégralité du texte O01 propose d’inscrire cette notion dans le Code pénal et civil.Codification explicite – Mme Thiébault propose de transformer la notion de dominance masculine en un élément de preuve juridique, permettant aux juges de la considérer comme un facteur aggravant.Renforcement de la protection – Les victimes peuvent bénéficier d’une peine plus sévère pour les auteurs qui exploitent la dominance masculine, ce qui peut dissuader les agresseurs.
Commission indépendante CIIVISE – Création d’une structure dédiée à l’inceste et aux violences sexuelles.Pas de commission – Mme Thiébault ne propose pas de commission, mais propose plutôt une réforme des procédures pénales (ex. mise en place d’une cellule d’accueil spécialisée).Accompagnement immédiat – Les victimes bénéficient d’un point de contact unique, d’un suivi psychologique et juridique, réduisant le risque de retraumatisation.
Approche intersectionnelle – Le texte intégral mentionne les stéréotypes sexistes mais ne l’intègre pas systématiquement dans les procédures.Approche systématique – Mme Thiébault propose d’intégrer systématiquement l’analyse intersectionnelle dans les dossiers, notamment dans les décisions de justice et les mesures de protection.Justice adaptée – Les victimes issues de minorités ethniques, de la communauté LGBTQ+ ou de personnes handicapées reçoivent un traitement qui tient compte de leurs spécificités.

Analyse juridique


3. Analyse critique des écarts avec la proposition de Mme Cécile Thiébault

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O01)Ce qui manque ou diverge par rapport à Mme ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Intégration de la dominance masculine – Le texte O01 propose de l’inscrire dans le Code pénal et civil.Absence de mécanismes de preuve – Mme Thiébault ne précise pas comment la dominance masculine sera prouvée en pratique (ex. examen de la culture familiale, de la dynamique de pouvoir).Difficulté de mise en œuvre – Sans cadre de preuve, les victimes peuvent se retrouver à devoir prouver des éléments abstraits, ce qui peut décourager les poursuites.
Commission indépendante CIIVISE – Création d’une structure dédiée.Pas de commission – Mme Thiébault ne propose pas de commission, ce qui peut limiter la coordination entre les services sociaux, judiciaires et sanitaires.Fragmentation du soutien – Les victimes peuvent se retrouver à naviguer entre plusieurs institutions sans coordination, augmentant le risque de retraumatisation.
Approche intersectionnelle – Le texte O01 mentionne les stéréotypes sexistes mais ne les intègre pas systématiquement.Approche systématique – Mme Thiébault insiste sur l’intégration systématique de l’analyse intersectionnelle dans les procédures.Inadéquation des mesures – Sans analyse intersectionnelle systématique, les mesures de protection peuvent être inadaptées aux besoins spécifiques des victimes.

Analyse juridique


4. Évaluation de l’impact sur les victimes (approche psychotraumatique)

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O01)Apports spécifiques de Mme Cécile ThiébaultImplications psychotraumatiques pour les victimes
Création d’une commission indépendante – CIIVISEIntégration de la dominance masculine – Codification comme facteur aggravantRéduction de la retraumatisation – La commission peut offrir un suivi psychologique continu et un cadre de protection adapté.
Référence aux stéréotypes sexistes – Reconnaissance de facteurs socioculturelsApproche intersectionnelle systématiqueMeilleure prise en compte des traumatismes multiples – Les victimes de minorités peuvent recevoir un accompagnement qui tient compte de leurs expériences cumulées.
Pas de mécanismes de preuve détaillésPas de cadre de preuveRisque de retraumatisation – Les victimes peuvent être confrontées à des procédures longues et complexes sans soutien psychologique adéquat.

Analyse psychotraumatique


5. Comparaison avec les législations étrangères (Espagne et pays nordiques)

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O01)Apports spécifiques de Mme Cécile ThiébaultImplications pratiques pour les victimes (comparaison)
Intégration de la dominance masculine – O01Codification explicite – Mme Thiébault propose la même notion mais avec un cadre de preuveEspagne : La loi espagnole (Ley Orgánica 1/2021) introduit déjà la notion de « violencia de género » comme cause aggravante. La proposition O01 est donc alignée mais ne précise pas la même approche de preuve.
Pays nordiques : La Suède et la Norvège intègrent la notion de « violence de genre » dans leurs codes, mais se concentrent davantage sur la protection des victimes (ex. mesures de protection, services de soutien). Mme Thiébault s’inscrit dans cette logique mais manque d’un cadre de preuve.
Commission indépendante CIIVISE – O01Pas de commissionEspagne : La création d’un « Servicio de Atención a la Víctima » (SAV) centralise l’accompagnement. La commission O01 est similaire mais plus large.
Pays nordiques : Les États nordiques disposent de « Victim Support Services » intégrés aux tribunaux. La proposition O01 est donc plus ambitieuse, mais la proposition de Mme Thiébault ne propose pas de structure similaire.
Approche intersectionnelle – O01Approche systématiqueEspagne : La loi espagnole inclut déjà une prise en compte des minorités (ex. personnes LGBTQ+, personnes handicapées). Mme Thiébault renforce cette prise en compte.
Pays nordiques : Les pays nordiques ont des politiques de protection très inclusives, mais la proposition O01 ne détaille pas la mise en œuvre. Mme Thiébault propose une approche plus systématique, ce qui est en phase avec les pratiques nordiques.

Analyse comparative


Synthèse globale

AxeCe qui est retenu de la proposition intégraleApports de Mme ThiébaultImplications pratiques
Alignement juridiqueObjectif commun, références aux stéréotypes sexistesDominance masculine codifiéeRenforcement de la crédibilité juridique
InnovationCommission indépendanteCadre de preuve de la dominance masculineMeilleure protection et suivi
Écarts critiquesAbsence de mécanismes de preuvePas de commissionFragmentation du soutien
Impact psychotraumatiqueCommission CIIVISEApproche intersectionnelle systématiqueRéduction de retraumatisation
Comparaison internationaleAlignement avec Espagne/NordiquesApproche plus systématiqueModèle hybride à adapter

En conclusion, la proposition de loi intégrale (O01) et la proposition de Mme Cécile Thiébault se complètent mais présentent des divergences notables. L’intégration de la dominance masculine comme facteur aggravant est un point d’accord, mais la mise en œuvre pratique (cadre de preuve, structures d’accompagnement) reste à préciser. La création d’une commission indépendante est une innovation institutionnelle qui peut améliorer la prise en charge des victimes, mais elle doit être accompagnée d’un cadre de preuve solide et d’une approche intersectionnelle systématique pour être réellement efficace. Les modèles espagnol et nordique offrent des pistes d’inspiration, notamment en matière de services de soutien intégrés et de prise en compte des minorités, qui pourraient être intégrés dans la version finale de la loi.