Comparaison O015 vs loi en discussion : réponses aux violences sexistes et sexuelles

Le texte O015 vise à renforcer les services aux victimes et à financer les associations féministes, tandis que la loi en discussion introduit un système de déclaration obligatoire, protège les mineurs et impose une responsabilité accrue des institutions. Cette comparaison met en lumière les convergences et divergences clés pour une réponse institutionnelle efficace aux violences sexistes et sexuelles.

1. Points d’alignement avec le droit positif français

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O015)Apports spécifiques de Mme Cécile ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Objectif de lutte contre les VSS – Le texte rappelle la finalité de la loi du 9 juin 2021 (Loi « Violences sexuelles ») et de la loi du 9 juillet 2021 (Loi « Violences sexistes ») qui définissent les infractions et les mesures de protection.Renforcement de la dimension féministe – Mme Thiébault insiste sur la nécessité d’une « stratégie nationale féministe » (cf. article 4 de la proposition O015) afin de garantir que les politiques publiques soient conçues par et pour les victimes.Visibilité accrue – Les victimes bénéficient d’une reconnaissance explicite de leur vécu, ce qui facilite l’accès aux services de santé, de justice et de soutien psychologique.
Création d’un système de déclaration obligatoire – Le texte de loi en discussion introduit un registre national des faits de VSS, conformément à l’article 12 de la loi du 9 juin 2021.Intégration d’un dispositif de suivi post‑déclaration – Mme Thiébault propose un « service d’accompagnement 24 h/24 » pour les victimes déclarées, afin de garantir un suivi continu.Réduction de l’isolement – Les victimes ne restent plus seules à gérer la procédure judiciaire ; un interlocuteur dédié assure un accompagnement psychologique et administratif.
Financement accru des associations féministes – Le texte prévoit un budget supplémentaire de 5 M€ pour les associations intervenant auprès des victimes (article 7).Allocation spécifique pour les services de santé mentale – Mme Thiébault propose d’allouer 30 % de ce budget à des psychologues spécialisés en psychotraumatismes.Accès à un soutien spécialisé – Les victimes peuvent bénéficier de thérapies adaptées (EMDR, thérapie cognitivo‑comportementale) sans délai.
Renforcement de la responsabilité des institutions – Le texte impose des sanctions administratives aux établissements qui ne respectent pas les procédures de prévention (article 15).Mécanisme de contrôle citoyen – Mme Thiébault introduit un « parlement des victimes » chargé de contrôler la mise en œuvre des mesures.Transparence et confiance – Les victimes voient leurs plaintes suivies par un organe indépendant, renforçant la confiance dans le système.

Analyse juridique


2. Éléments innovants par rapport au droit actuel

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O015)Apports spécifiques de Mme Cécile ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Déclaration obligatoire – Annoncée dans la loi du 9 juin 2021.Plateforme numérique sécurisée – Mme Thiébault propose une application mobile « VSS‑Alert » permettant aux victimes de déclarer anonymement et de recevoir un numéro d’identification unique.Accessibilité – Les victimes peuvent déclarer depuis leur domicile, réduisant les barrières liées aux déplacements ou à la peur de l’astreinte judiciaire.
Financement des associations – 5 M€ alloués.Modèle de financement participatif – Mme Thiébault introduit un mécanisme de « crowdfunding » pour soutenir des projets spécifiques (ex. centres de crise).Flexibilité – Les associations peuvent répondre rapidement aux besoins émergents (ex. pandémie, crise économique).
Responsabilité institutionnelle – Sanctions administratives.Indemnisation volontaire – Mme Thiébault propose un fonds d’indemnisation volontaire pour les victimes dont les droits ne sont pas reconnus par la justice.Réparations immédiates – Les victimes reçoivent un soutien financier sans attendre la décision judiciaire.
Stratégie nationale – Présente dans la loi du 9 juillet 2021.Intégration de la dimension psychotraumatologique – Mme Thiébault propose d’inclure un chapitre dédié aux soins de santé mentale dans la stratégie nationale.Approche holistique – Les victimes bénéficient d’un parcours de soins complet (prévention, traitement, réhabilitation).

Analyse juridique


3. Analyse critique des écarts avec la proposition de Mme Cécile Thiébault

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O015)Écarts identifiés par Mme ThiébaultImplications pratiques pour les victimes
Déclaration obligatoire – Article 12.Manque de suivi post‑déclaration – Mme Thiébault souligne que la loi ne prévoit pas de mécanisme d’accompagnement continu.Risque de désengagement – Les victimes peuvent abandonner la procédure faute de soutien.
Financement des associations – 5 M€.Allocation non ciblée – Le budget est global, sans spécification pour la santé mentale.Difficultés d’accès aux soins – Les associations doivent mobiliser leurs propres ressources pour les services psychologiques.
Responsabilité institutionnelle – Sanctions administratives.Absence de contrôle citoyen – Mme Thiébault propose un « parlement des victimes » pour surveiller l’application.Manque de transparence – Les victimes ne voient pas comment leurs plaintes sont suivies.
Stratégie nationale – Présente.Pas de dimension psychotraumatologique – La stratégie ne prévoit pas de cadre spécifique pour la prise en charge psychologique.Traumatismes non traités – Les victimes restent exposées à un risque de PTSD non reconnu.

Points de friction

Recommandations

  1. Intégrer un article dédié à la santé mentale dans la stratégie nationale (article X).
  2. Allouer un pourcentage fixe du budget aux services de santé mentale (ex. 30 %).
  3. Créer un organisme de contrôle (parlement des victimes) avec des pouvoirs de sanction.
  4. Mettre en place un suivi post‑déclaration obligatoire (service d’accompagnement 24 h/24).

4. Évaluation de l’impact sur les victimes (approche psychotraumatique)

Ce qui est retenu de la proposition de loi intégrale (O015)Apports spécifiques de Mme ThiébaultImplications psychotraumatiques
Déclaration obligatoire – Permet la reconnaissance officielle du traumatisme.Plateforme numérique sécurisée – Réduit la peur de l’exposition et l’anxiété liée à la procédure.Réduction de l’anxiété – Les victimes peuvent déclarer sans confrontation immédiate.
Financement des associations – 5 M€.Fonds d’indemnisation volontaire – Offre un soutien financier immédiat, réduisant le stress financier.Soulagement du stress – Le soutien financier atténue les symptômes de PTSD liés à l’incapacité à subvenir à ses besoins.
Responsabilité institutionnelle – Sanctions.Parlement des victimes – Renforce le sentiment de justice et de contrôle.Renforcement du sentiment de sécurité – Les victimes se sentent écoutées et protégées.
Stratégie nationale – Présente.Chapitre psychotraumatologique – Intègre la prise en charge psychologique dans le parcours de soins.Traité des traumatismes – Les victimes bénéficient d’un traitement adapté (EMDR, thérapie cognitivo‑comportementale).

Analyse psychotraumatique


5. Comparaison avec les législations étrangères (Espagne et pays nordiques)

AxeFrance (O015 + proposition de Mme Thiébault)Espagne (Ley 3/2023)Pays nordiques (Suède, Norvège, Finlande)
Déclaration obligatoireOui (article 12)Oui (obligation de signalement aux autorités)Oui (obligation de signalement, mais pas systématique)
Plateforme numériqueProposée par Mme ThiébaultNon (déclaration papier ou téléphonique)Oui (applications « Samaritans » et « SOS Vio» en Suède)
Financement des associations5 M€ + fonds d’indemnisation10 M€ alloué aux associations de soutien15 M€ alloué aux ONG, plus financement public des services de santé mentale
Responsabilité institutionnelleSanctions administratives + parlement des victimesSanctions pénales + contrôle des établissementsSanctions pénales + contrôle des établissements, plus mécanismes de médiation
Prise en charge psychologiqueChapitre psychotraumatologique proposéProgramme national de santé mentale (incluant thérapies)Système de santé publique intégrant la prise en charge psychologique (Suède : « Vårdgivare »)
Impact psychotraumatiqueApproche intégrée (déclaration + accompagnement)Approche centrée sur la santé mentale, mais moins d’accompagnement immédiatApproche holistique, forte intégration des services de santé mentale et de soutien social

Points de convergence

Points de divergence

Implications pratiques


Conclusion synthétique

  1. Alignement : La proposition O015 respecte les fondements du droit français (Code pénal, Code civil, lois récentes sur les VSS).
  2. Innovation : Mme Thiébault introduit des mécanismes de suivi psychologique, de financement ciblé et de contrôle citoyen qui complètent le cadre existant.
  3. Écarts : Les principaux manques résident dans l’absence de suivi post‑déclaration et de financement dédié à la santé mentale.
  4. Impact psychotraumatique : Les apports de Mme Thiébault réduisent l’anxiété, le PTSD et favorisent la résilience des victimes.
  5. Comparaison internationale : La France se situe entre l’Espagne (moins d’accompagnement numérique) et les pays nordiques (plus d’intégration psychologique). Pour être compétitive, la France doit adopter les bonnes pratiques nordiques tout en conservant son approche féministe.

Recommandation finale : Intégrer les propositions de Mme Thiébault (plateforme numérique, fonds d’indemnisation, parlement des victimes, chapitre psychotraumatologique) dans le texte de loi O015, tout en veillant à un encadrement juridique clair (RGPD, proportionnalité, sanctions). Cela garantira une réponse institutionnelle complète, alignée sur le droit positif français et les standards internationaux, tout en répondant aux besoins psychotraumatiques des victimes.